Dans le programme "Fire & Shadow", après notre expédition sauvage en Ecosse nous nous retrouvons dans des sous-groupes pour mûrir et tenter de garder en vie, incarner et mettre en pratique ce qui a été expérimenté et ne pas laisser cette expérience de communion profonde avec la Nature s'éteindre sans générer un changement dans nos modes de vie... Nous nous sommes proposés une tâche, un "assignement" que l'on peut décrire comme ceci: " How do we keep that experience alive...? How can memory be fed to keep it with us? What do we feed our memory with? And if the food is good, can we share it?"
Avec cette idée en tête, je suis retourné dans la forêt. Pour moi elle n'est pas loin, au fond du jardin je traverse la haie et je me retrouve sur les traces des chevreuils. Mais après 2 heures de marche, je me suis assis sur une souche dans le bois des Manants, et j'ai observé... Après une dizaine de minutes, immobile on devient un membre du paysage, le regard se promène sur 360° et la nature prend une autre densité, une autre épaisseur. C'est dans ces moments qu'elle prend alors vie, comme ces scènes de paysages chez Terrence Malick. La Nature prend vie et on s'émerveille tout en l'écoutant comme on écoute un étranger qui parlerait une langue inconnue. Et puis le soleil se met à percer des rayons de lumière à travers le toit de feuilles et je me rend compte qu'il me montre des sujets subtils, fragiles, merveilleux, au niveau de l'humus. "Humus" étrangement s'apparente dans la langue indo-européenne à "homo", je semble me trouver au plus près de ce qui fait connexion entre la terre et l'humain en quelque sorte, là où la frontière artificielle entre l'Homme et la Création se trouve abolie en toute "humilité". Et le soleil m'invite à regarder et à mesure que le temps passe, bien sûr, ses rayons m'invitent à découvrir d'autres microcosmes.
Je n'ai plus qu'à les photographier, c'est ainsi que j'ai nourri ma mémoire pour qu'elle garde pleine de vitalité ce qui fut vécu dans les Highlands... C'est cette série que je partage ici...