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Petite aventure sauvage sur les terres des derniers indiens d'Europe, le texte

Writer's picture: Christian PoelmansChristian Poelmans

Petite aventure sauvage sur les terres des derniers indiens d'Europe, Laponie 2017

Journal de bord

...Et pour le long fil des images, ouvrir ce lien Flickr :

Vendredi 1er septembre 2017,

Passé le cercle polaire à plusieurs milliers de mètres d'altitude, nous atterrissons à Kiruna. Cette ville a la particularité d'être une petite ville industrielle avec sa mine de fer et ses habitations au style plutôt déprimant tout en dégageant en même temps un parfum de dernier poste civilisé avant les terres vierges d'un Ouest des grandes plaines. Pas loin derrière la ligne d'horizon on imagine entendre battre le coeur de terres désertes que l'homme urbanisé a renoncé d'exploiter. Nous sommes tous les 4 heureux comme des gamins à l'école buissonnière!

Jack Kerouac et Neal Cassady ont apparemment laissé ici un fantôme de leurs chevauchées fantastiques à travers l'ouest mythique des années cinquante. Cette vieille Mercury nous fait rêver et donne le ton au récit que nous allons écrire pendant 10 jours. L'Amérique et le président qu'elle s'est choisie est malheureusement bien morte et ne révèle plus le mythe qu'elle animait dans mon coeur. Retrouver ce vieux témoin de mes héros Beat confirme une ligne de mots que j'avais écrite il y a quelques temps:

"Going North is my new West"

Nous y sommes avec Alexandre, Nathan et Hugo et la magie opère ...

Samedi 2 septembre 2017,

Abisko - Abiskojaure

15 KM, +135 M, - 15 M, +- 4H30

Le bus qui nous emmène au départ de la Kungsleden à Abisko est très matinal. 7 heures du matin départ, les enfants se précipitent vers les places du fond et se replongent dans une nuit trop courte. Pour moi, cette heure un quart de bus est l'occasion d'un rituel de passage entre le monde civilisé et la Nature sauvage, une manière de réveiller Huckleberry Finn, car c'est lui qui va prendre les rennes à partir d'ici...

Le rideau peut se lever....

Le paysage défile comme un jeu hypnotique, épreuve indispensable pour passer de l'autre côté du miroir....

Nous arrivons vers 8h20 au portique en bois qui indique le début de la Kungsleden. Cette première étape fait 14 km et nous promènera durant 4h30 environ dans le parc naturel d’Abisko.

La Kungsleden est une piste qui serpente sur près de 400 kms à travers la Suède arctique. Abisko est son point d’entrée le plus au Nord, Hemavan étant l’aboutissement de la piste. Il existe en plus de nombreux chemins transversaux qui enrichissent cette épine dorsale d’un nombre impressionnant de pistes pour découvrir ces derniers territoires sauvages européens.

Nous avons décidé de parcourir le premier tiers, d’Abisko à Nikkaluokta (en tout près de 110 kms), tout d’abord parce que cette partie est la plus nordique, avec ses paysages glacés, ses landes désertiques typiques des territoires polaires nous promettant un dépaysement et une immersion garantie dans une expérience sauvage totale. Ensuite ce tronçon nordique est le mieux desservi par les moyens de transport ce qui nous facilite grandement la tâche pour l’atteindre et le quitter sans devoir perdre plusieurs journées de transfert.

Cette partie est la plus connue et bien sûr la plus fréquentée ce qui m’avait fait d’ailleurs un peu hésiter au moment de préparer ce voyage. Mais les sirènes de ces régions du grand Nord ne cessaient de chanter à mon imaginaire et je restais très tenté.

En quittant Abisko, cette première étape est agréable, physiquement pas éprouvante, la longueur peu exigeante et le temps est couvert mais sec. Nous marchons plus de 4 heures à travers la dense forêt de bouleaux du parc national d’Abisko, longeant le plus clair du temps une large rivière. Les sommets sont encore peu impressionnants mais l’ambiance sauvage et vierge nous captive déjà et notre marche est régulièrement rythmée par des arrêts pour admirer ce monde nouveau et ajuster notre matériel.

Arrivés en début d’après-midi, nous prenons tout notre temps pour découvrir ce qui sera notre nouvelle vie pendant près de 10 jours : le confort sommaire mais complet des refuges, le magasin bien fourni en nourriture de base pour la survie, les toilettes sèches et le sauna ! Lentement mais sûrement, le camp se charge de nouveaux randonneurs et nous découvrons petit à petit que nous aurons à composer avec un nombre impressionnant de compagnons de voyage à chaque étape. Même s’ils sont tous des amoureux de la nature, beaucoup sont ici avant tout des sportifs, ce qui est loin d'être notre état d’esprit. Et les réflexes sociaux sont vite repris lorsque certains s’installent et s’approprient les tables du refuge, s’étalent sans complexe dans le coin cuisine, utilisent les seaux d’eau sans aller les remplir à la rivière. Très vite ce que je voulais fuir – ces dérives grégaires des humains – s’impose ici aussi !

Mais nous arrivons à faire abstraction de cela, un thé, du chocolat et une bière plus tard nous attendons l'heure de notre premier sauna suédois. Il y a un horaire pour les femmes, ensuite les hommes peuvent y accéder et enfin la dernière tranche horaire est réservée aux utilisateurs en mode mixte. Le sauna est alimenté par un feu de bois et les habitués que nous rencontrons à l'intérieur nous expliquent que le bain peut se prendre directement dans la rivière à quelques pas de là. Il ne faut pas longtemps avant que nous plongions tous les 4 dans cette eau pure à 3-4°C! Plusieurs fois de suite nous passons du sauna à la rivière et nous découvrons combien ce rituel nordique régénère les muscles fatigués.

Le soir c'est la découverte des repas lyophilisés pour Hugo et Nathan. Ces deux ados ne se contentent pas d'une portion et nous découvrons qu'il faudra ajuster les quantités en conséquence.

La nuit tombe sur notre camp, nous nous endormons heureux.

Dimanche 3 septembre,

Abiskojaure - Alesjaure

21 KM, + 430 M, - 110 M , +- 7H30

Aujourd'hui, une longue étape nous mène des forêts du park d'Abisko que nous quittons en montant lentement jusqu'au pied des montagnes, vers une zone désertique calée entre des sommets enneigés à l'Est et à l'Ouest. Nous marchons 7h30 à travers des paysages de haute montagne qui feront notre décor pour la plus grande partie de notre voyage à partir d'ici.

Comme hier, les jeunes semblent se promener alors que nous avançons lentement pour ménager nos efforts. On s'attend qu'à un moment ils souffrent un peu aussi, mais cela n'est pas pour aujourd'hui.

Nous découvrons à l'Ouest au loin des habitations et un enclos à rennes et nous décidons de bifurquer pour voir de plus près ces quelques habitations. Il s'agit en fait d'un campement provisoire utilisé par les Saami gardiens de rennes lors de leurs migrations. Les quelques habitations ont l'air inhabitées mais pas abandonnées, des ustensiles de cuisine gisent au sol négligés. Dans l'une d'elles des peaux de rennes sèchent pendues à des bois. D'autres perches, squelettes de teepee, sont plantées là attendant d'être habillées de peaux et de reprendre leur rôle d'habitation nomade. Ici comme dans les réserves indiennes américaines, ce village a l'air de parler pour son peuple et semble nous dire qu'à force d'essayer d'intégrer la tradition nomade et la civilisation du XXème siècle, ils ont fini par laisser là la question sans avoir pu y répondre. Peut-être y reviendront-ils plus tard. Nous sommes en tout cas fascinés par ces quelques objets témoins silencieux d'une vie que nous ne connaissons plus et notre imaginaire se charge de compléter les trous et de faire revivre des fantômes lapons endormis.

De retour sur la piste, nous avançons désormais d'un bon rythme dépassant quelques randonneurs que nous retrouverons le soir au refuge.

Après notre rituel, thé et chocolat, Hugo et Nathan découvrent la corvée bois qui n'est d'ailleurs pas du tout une corvée pour eux! Ils ont un méchant air de travailleurs illégaux avec leur bonnet et leur training... Le soleil conclut cette journée en peignant le ciel.

Lundi 4 septembre,

Alesjaure - Tjäktja

13 KM, + 280 M, - 80 M, +- 5H30

3eme jour, l'étape aujourd'hui est courte et sans difficulté si ce n'est la traversée d'une grosse rivière en fin de parcours avant la montée au refuge de Tjäktja. Nous partons tard, laissant les autres locataires se bousculer à la cuisine. Le soleil est là dans un ciel sans nuages, nous décidons de prendre notre temps et de nous arrêter à chaque fois que nous en avons envie. Cette journée de marche aurait pu être bouclée en 4h30 mais nous prendrons une heure de plus pour un long arrêt en plein soleil vers midi avec une belle sieste à l'abri de deux énormes rochers. Sisyphe est vengé!

La dernière heure de marche est plutôt difficile, après avoir traversé le gué c'est une lente ascension avec un violent vent de face sur un terrain aux rochers saillants.

Nous arrivons à Tjäktja dans l'après-midi, heureusement nous sommes assez tôt et nous pouvons encore choisir une chambre à 4 lits. Le vent qui continue à souffler à plus de 15m/sec décourage beaucoup de campeurs qui préfèrent dormir dans le refuge. Celui-ci se remplira au point que plusieurs randonneurs devront dormir sur des matelas dans la cuisine. Deux Suédois que nous commençons à connaitre, puisque nous les retrouvons chaque jour au refuge et le soir au sauna ont moins de chance que nous et devrons se contenter du sol de la cuisine.

Tjäktja n'a ni sauna ni magasin. Nous passons la soirée dans notre chambre, où nous faisons un feu dans le poêle chacun plongé dans le livre qu'il a amené. Alexandre découvre Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie, Nathan et Hugo ont amené avec eux Tolkien et la saga du Seigneur des Anneaux, je relis les poèmes de Robinson Jeffers, poète californien de la Nature sauvage.

Mardi 5 septembre

Tjäktja - Sälka

13 KM, +155 M, - 340 M, 5H00

Le passage du col au-dessus des chalets de Tjäktja, est le point le plus haut de notre route. Il atteint 1150 m. Nous repassons le pont sur la rivière et entamons une ascension rendue pénible par le relief accidenté et le vent qui chasse violemment. Nous atteignons le sommet où est perchée une cabane qui regarde des deux côtés du col. Ici pas de garde et pas de confort non plus, juste un refuge sommaire contre les intempéries en cas de besoin. Le sentier redescend ensuite vers la vallée et le refuge de Sälka.

L'étape est courte mais sa distance est compensée par une progression lente sur le terrain d'anciens glaciers, nous ferons du 2,7 km/h.

La plaine herbeuse fermée par des versants montagneux à l'Est et à l'Ouest nous porte vers le Sud jusqu'aux chalets de Sälka. Ceux-ci jouissent d'une position telle que le paysage se déploie à 360° sur les vallées et sommets aux alentours. En contrebas, il y a ici aussi une cabane pour le sauna et la rivière à quelques mètres.

Nous resterons deux nuits ici, pour reposer les corps fatigués et profiter des lieux sans précipitation. Nous ne sommes pas ici pour faire une performance physique, mais pour faire l'expérience de la Nature, la sentir autrement que comme un obstacle à franchir, comme un défi mais prendre du bon temps ensemble, entre frères et fils, oncle et neveux.

Mercredi 6 septembre,

Nous restons à Sälka, Alexandre met au repos ses pieds et les enfants et moi partons pour une randonnée vers le glacier à l'Est. Nous avons envie d'atteindre le sommet qui domine les vallées et avoir peut-être de là une vue sur les glaciers qui s'étendent jusqu'au mont Kebnekaise, toit de la Suède avec ses 2111 m.

Après avoir quitté la plaine de bruyères, nous remontons le long d'un torrent qui file à travers des rochers énormes. Au fur et à mesure de notre progression, je dois me faire à l'idée que ce terrain restera le même jusqu'au sommet. Nous avançons lentement, trop lentement car chaque mauvais pas peut occasionner une blessure. La montée est plus facile lorsque nous marchons sur la neige, mais nous devons à nouveau la quitter pour prendre une perpendiculaire vers le sommet. Le temps passe et Nathan se sent incertain. Nous prenons notre repas, le paysage est gigantesque et silencieux. Nous sommes conscients d'être au milieu des éléments les plus primaires de la Création, l'eau, la pierre, l'air vierge et le soleil n'ont ici encore rien produit comme élément de vie plus évoluée. C'est une sensation très forte et nos incertitudes sont peut-être liées à ce paysage inhumain. Le soleil a beau être bleu comme le ciel, nous sommes rassurés de reprendre la route du refuge. Nous glissons sur la neige et la descente se fait joyeusement et rapidement.

Arrivés dans la vallée, nous rencontrons pour la première fois un troupeau de rennes, c'est un spectacle impressionnant même si nous restons à bonne distance et nous sommes heureux.

De retour aux cabanes, nous fêtons ça comme il se doit, avec une bonne bière. Les enfants attaquent leur moment coupe de bois et je me replonge dans les poèmes de Robinson Jeffers. C'est bientôt l'heure du sauna et du repas. C'est si peu et pourtant nous sommes riches comme des rois, libres comme des hommes.

Oh merveilleuse roche, (Robinson Jeffers) extrait

... Allongés sur du gravier,

nous enretenions un petit feu de camp pour nous

réchauffer.

Après minuit, seuls deux ou trois morceaux de braise

rouge luisaient dans l'obscurité refroidie; j'ai déposé

une poignée de feuilles de laurier

Sur le reste d'incandescence et je les ai tapissées de

brindilles sèches, avant de m'étendre à nouveau.

La flamme ranimée

Illumina le visage de mon fils, et celui de son

compagnon, mais aussi la face verticale de la grande

paroi de la gorge,

De l'autre côté du torrent. Au dessus de nos têtes, le

feuillage léger dansait au souffle du feu, des troncs

d'arbre se détachaient: c'était la paroi rocheuse

Qui fascinait mon esprit et mes yeux. Rien d'étrange:

de la diorite gris clair traversée par deux ou trois

veines inclinées,

Polie par l'usure sans fin des éboulements et des crues,

ni fougère ni lichen, la roche pure et nue...comme si

je voyais

De la roche pour la première fois. Comme si à travers la

surface éclairée par la flamme, mon regard pénétrait

dans la roche réelle charnelle

Et vivante. Rien d'étrange... je ne saurais

Vous dire comme c'est étrange: la passion silencieuse,

la profonde noblesse et le charme enfantin; ce

destin qui se déploie

En dehors du nôtre. Elle se dresse ici dans la montagne

comme un enfant grave qui sourit.

Un jour je mourrai et mes garçons

Vivront avant de mourir, notre monde poursuivra sa

course à travers les rapides agonies du changement et

des découvertes; cette époque mourra

Et les loups hurleront dans la neige en rôdant autour

d'une nouvelle Bethléem: cette roche sera là, grave,

sérieuse non passive: ses atomes,

Ses énergies donc, continueront de porter toute la

montagne qui s'élève au-dessus d'elle : et moi,

enfoui sous les siècles bien remplis,

J'ai ressenti son intense réalité avec émerveillement et

avec amour, cette roche solitaire.

Jeudi 7 septembre,

Sälka -Singi

12 KM, +125 M, - 235 M, 4h40

Nous quittons Sälka avec la brume du matin, le garde du refuge nous a donné le bulletin météo pour le jour et nous devrions avoir du soleil. La Kungsleden poursuit sa route vers le Sud à travers une vallée ouverte que d'autres viennent retrouver. Notre marche est rythmée et plaisante, sans difficulté particulière, juste cette alternance maintenant habituelle entre les longues planches qui facilitent notre pas et des tracés sur des rochers qui tuent les chevilles.

Nous sommes accompagnés aujourd'hui par un hélicoptère qui semble rabattre les troupeaux de rennes que l'on distingue sur les flancs des versants des montagnes à l'Et et à l'Ouest. La saison d'été se termine et les rennes sont rassemblés pour migrer vers le Sud. Ceci se fait maintenant à l'aide de motos de cross et d'hélicoptères.

Nous arrivons en début d'après -midi au refuge après avoir fait une halte pour un pique-nique et une sieste sous le soleil polaire. Dans la vallée dort un village Saami et plus loin les refuges qui nous acueilleront pour la nuit.

La vie dans le refuge est un peu difficile à supporter dans un premier temps. Après avoir passé tant de temps dans notre agréable solitude entre-nous, il faut faire l'effort de se resocialiser. Parfois on préfère fuir les groupes qui se rassemblent et aiment se raconter les banalités habituelles des rencontres superficielles... Les touristes américains ont pour cela la méchante habitude d'aimer ça et en plus d'être les plus bruyants. Impossible de ne pas savoir tout de leur vie de touriste globe-trotteur qui a déjà tout vu et tout vécu... Nous restons à l'écart sirotant un thé et préférant la compagnie de vieux randonneurs suédois moins bavards mais plus intéressants.

Les enfants s'amusent à couper du bois pour la communauté et aller chercher l'eau à la rivière est également un plaisir plus qu'une corvée. L'heure du rituel du sauna est arrivé et aucun de nous ne veut manquer ça.

Au crépuscule, Hugo et moi partons explorer un peu plus loin vers le village lapon. À quelques centaines de mètres seulement de notre refuge, nous découvrons une hutte traditionnelle lapone faite de bois et de terre et nous restons fascinés par ce témoin d'un style de vie qui nous est si éloigné et pourtant si séduisant par son ancrage si puissant dans les éléments naturels.

Comme chaque soir, après le repas, nous nous retranchons assez rapidement dans notre chambre pour goûter le silence et l'absence du monde civilisé. Je ne comprends vraiment pas comment on peut venir ici au-delà du cercle polaire, loin de tout, loin du monde pour finalement se retrouver à papoter comme si on était à la terrasse d'un vulgaire café Starbuck ou autre...

Cette nuit, je mets mon réveil vers minuit car je veux guetter d'éventuelles aurores boréales. Le temps est propice à leur apparition et ce serait merveilleux si nous pouvions assister à ce spectacle.

À minuit, je me lève et passe une heure éveillé seul dans la nuit lapone à m'enchanter du spectacle nocturne, mais pas d'aurore boréale. Lorsque le froid atteint profondément mes os, je me résigne à rentrer et je me rendors.

À 2 heures du matin, Alexandre dont la vessie exigeait un soulagement nous réveille pour assister à un des plus beaux spectacles nocturnes que la terre puisse produire!

Nous nous retrouvons rapidement dehors, une bonne dizaine de personnes, pour admirer une aurore boréale! C'est comme un lancer de poudre verte et rose au-dessus de nos têtes! Poudre d'escampette, poudre de perlin-pinpin, danse de la fée clochette... C'est magique!

Je n'ai pas envie de rater la moindre seconde, je ne prendrai donc pratiquement aucune photo, ne voulant pas troubler le moment par des préoccupations techniques.

Après plus de 45 minutes de ce spectacle sans mots, nous retournons dans nos plumes avec un sourire comblé.

Vendredi 8 septembre,

Singi - Kebnekaise

14 kms +120-150m environ 6 heures

Départ vers 9h30, le ciel est aujourd'hui plus menaçant et l'ascension lente vers l'Est se fait péniblement accompagnés d'un vent plutôt froid et violent. Mais le spectacle des paysages prend un air plus dramatique et les enfants qui s'étaient plongés dans Le Seigneur des Anneaux tout au long de ce voyage ont l'impression que la fiction du Mordor de Tolkien prend ici encore plus que les jours précédents une réalité palpable!

L'arrêt pour le repas sera rapide car nous avons froid et la perspective d'arriver à Kebnekaise et retrouver un peu de confort nous presse. Nous retrouvons pour la première fois depuis près de 8 jours du réseau, et nous sentons que la civilisation nous rattrape et notre périple commence à toucher à sa fin.

J'en profite pour entrer en contact avec mes copains qui vont entamer le lendemain le même parcours que nous et je leur donne les dernières infos nécessaires pour leur départ.

Le Kebnekaise est aussi le nom du sommet suédois que nous découvrons à travers les nuages. Des 2111m nous ne distinguons qu'une partie mais il semble très impressionnant et il est clair que nous ne tenterons pas son ascension cette fois-ci!

Arrivés à Kebnekaise - le refuge - c'est une véritable station hivernale qui nous accueille. Un monde impressionnant de randonneurs qui arrivent comme nous, qui partent vers la Kungsleden ou qui sont là pour quelques jours juste pour tenter d'atteindre le sommet.

À 16h nous allons chercher nos tentes, car comme prévu le refuge est complet. Et après avoir installé nos affaires, nous filons avec plaisir au sauna. Ici malheureusement pas de rivière pour se rafraichir mais c'est compensé par un vrai confort hotelier.

Nous invitons nos deux amis suédois que nous avons croisés tout au long de notre parcours à manger et boire un dernier verre ensemble. Ils reprennent demain l'hélicoptère pour Nikkaluokta. Nous nous posons la question de savoir si nous faisons la dernière étape à pied ou en hélicoptère.

Finalement, nous décidons que même si les deux vieux sont fatigués, nous allons finir à pieds et l'expérience de l'hélicoptère ce sera pour la Belgique. Le vol ne dure que 6 minutes et puis nous devrons de toute façon attendre à Nikkaluokta le lendemain. Il semble n'y avoir vraiment rien à faire là-bas. Nous attaquerons donc la dernière étape à pieds.

La soirée se termine tôt et nous prenons congé de nos deux amis. pour rejoindre nos tentes. La nuit s'annonce difficile car il fait gris, humide et froid. Une bruine glacée nous attend dehors et nous ne trainons pas pour nous enfiler dans les sacs de couchage.

Samedi 9 septembre,

Kebnekaise - Nikkaluokta

19 kms +220m 5h40

Dernière journée de marche, le temps est très humide et nous ferons tout le parcours dans nos vêtements de pluie, pantalon et ponchos.

Le froid glace nos doigts et nous marchons d'un pas plutôt rapide. Notre première idée est d'atteindre le bateau qui nous permet d'économiser 5 kms de marche, mais nous arrivons beaucoup trop tôt au petit refuge qui est déjà plein d'autres randonneurs qui attendent aussi le bateau. Rapidement après s'être réchauffé un peu, nous décidons de reprendre la piste et de marcher plutôt que d'attendre là à se refroidir les os. Nous nous remettons en route, Alexandre et moi souffrons un peu ici et là mais rien d'insupportable. Les deux jeunes comme tout au long du périple se baladent en sifflotant et ne donneront aujourd'hui non plus aucun signe de faiblesse!

La pluie ne nous quittera pas, nous ne nous arrêterons donc pas et c'est en un peu moins de 6 heures et 3,3 km/h de moyenne que nous atteignons Nikkaluokta en début d'après-midi.

Le gîte réservé est très sommaire mais c'est assez pour nous y poser. L'évier n'est pas raccordé, il n'y a pas d'eau, mais il y a une pièce pour faire sécher tous nos vêtements et le lit est confortable.

Le sauna a ici perdu tout son charme, mais nous nous décrassons avant d'aller au restaurant pour s'offrir le premier vrai repas depuis près de 10 jours, élan, renne et orignal au menu.

Dimanche 10 septembre,

Ce matin nous reprenons le bus pour Kiruna. Retour à la Yellow House cette auberge où nous y avons déjà un peu nos habitudes. Nous avons les mêmes chambres qu'à notre arrivée le premier jour et nous passons l'après -midi étalés sur les lits à repenser à ce que nous avons vécu. Les enfants nous rejoignent dans la chambre et on s'amuse à regarder un film américain avec Kevin Costner sur le monde du football américain.

Le soir nous avons réservé une table au Bishop's Arms le pub anglais de Kiruna. Un plaisir d'ambiance après ces journées à la dure! C'est encore l'occasion de partager nos souvenirs et de se dire comme ces 10 jours ensemble ont été gais !

Lundi 11 septembre,

Ce matin nous partons faire quelques achats d'objets qui nous aideront à nous souvenir de cette aventure et Alexandre et moi nous penchons sur nos prochains projets: un magasin de pêche à la mouche. Le chalet qu'il est sur le point d'acheter est situé au bord de l'Ourthe. Il sera notre nouvelle base, notre repaire pour garder vivante en nous la part sauvage et indomptable que nous tenons de nos ancêtres italiens des montagnes.

La visite à l'office du tourisme de Kiruna en attendant le bus qui nous emportera à l'aéroport nous permet de découvrir la ville minière importante qu'est Kiruna. Une ville que l'on prévoit de déplacer en partie pour permettre de continuer l'exploitation de la mine de fer, une des plus importante au monde. En effet la veine de minerai s'étire en diagonale sous la ville jusqu'à plus de 1500 mètres de profondeur. Derniers instants dans ces terres sauvages, le survol de la Laponie est encore un dernier cadeau.

L


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