Robinson Jeffers a écrit ce poème entre 1938 et 1941. À cette époque, il a choisi de s’exclure du monde intellectuel américain et vit reclus à Big Sur, village californien sur la côte pacifique, qui deviendra quelques années plus tard le lieu de repli des écrivains Beat. De là, il est un témoin lointain de la seconde guerre mondiale qui embrase l’Europe...
Aujourd’hui j’ai parfois l’impression qu’entre lui et nous les rôles s’inversent mais les mots pourraient à quelques détails près être les mêmes...
Traduction personnelle:
Malheureux à propos de sujets lointains
Qui ne me concernent pas, flânant
Le long de la côte et sur les crêtes étroites
Je vis dans le ciel du soir
Les étoiles passer au dessus de l’océan esseulé,
Et un sanglier à crinière noire
Labourant avec son groin Mal Paso Mountain.
Le vieux monstre renifla " Voici des racines douces,
Des vers gras, d’habiles insectes et des glands germés,
La meilleure nation en Europe est tombée,
Et il s’agit de la Finlande,
Mais les étoiles passent au-dessus de l’océan esseulé,"
Le vieux sanglier aux poils noirs,
Déchirant la terre sur Mal Paso Mountain.
" Le monde est mal embarqué, cher homme,
Et condamné à empirer avant de guérir;
Il vaut mieux se coucher ici sur la montagne
Quatre ou cinq siècles,
Pendant que les étoiles passent au-dessus de l’océan esseulé,"
Dit le vieux père des cochons sauvages,
Labourant la terre fauve sur Mal Paso Mountain.
Tenez-vous loin des dupes qui parlent de démocratie
Et des chiens qui parlent de révolution,
Ivres de paroles, de mensonges et crédules.
Je crois en mes propres défenses,
Vive la liberté et au diable les idéologies,"
Dit le sanglier à crinière noire et à l’odeur de gibier
Défendant la terre sur Mal Paso Mountain.
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