Journal de bord d'une aventure entre amis ( Pierre, Christophe, Bernard, François, Christian).
Christian raconte les premiers jours
Vendredi 16 septembre
9h, le groupe vient me chercher, après une photo souvenir, Laurence nous emmène à la gare des Guillemins. 1ère fois pour moi – nouveau parking débarquement passagers. Liège possède maintenant une gare qui se donne des airs d'aéroport et qui sent les grands voyages.
Vol Pegasus Airlines, j'aime ce nom et le cheval ailé sur le fuselage m’invite à la rêverie.
Arrivée à Istanbul, depuis le hublot, on découvre cette gigantesque métropole de 17 millions d'habitants au bord de la mer. Les quartiers survolés ont chacun leur mosquée, des minarets tous les 100 mètres!!
Après l'atterrissage, un bus navette nous mène au bord du Bosphore. Un trafic monstre et toujours ces minarets qui pointent vers l'étoile et le croissant.
Arrivée à l'embarcadère de Kadikoy. Je me surprends à aimer ce bain de foule aux mille soies de couleur. L'anglais des quelques personnes à qui nous demandons notre chemin est très rudimentaire, il faudra parler avec les mains!
Le touriste, ou l'étranger est d'ailleurs accueilli chaleureusement et l'homme au guichet où nous demandons notre chemin tend les mains à Pierre surpris. Il ne comprend pas d'abord ce qu'il veut... Simplement serrer chaleureusement les mains de l'étranger.
Et nous ne restons pas longtemps sans aide face au distributeur de jetons pour la navette auquel un gars sympathique nous initie avant de nous offrir finalement un des siens.
La navette pour la rive européenne quitte l'embarcadère soulevant des effluves violents d'égoût ce qui nous rappelle la prudence quant à l'hygiène de ce que nous boirons et mangerons. Nuit sur le Bosphore illuminé comme mille et une pierres précieuses... Le pont qui l'enjambe au loin porte un collier de saphirs qui lentement se changent en émeraudes...
A pied jusqu'à l'Orient Hostel: A travers les ruelles désertées par les touristes mais pas encore par les vendeurs de rue. Montres, lunettes.... Une Naples du Sud de Naples!
L'Orient Hostel: Ambiance chaleureuse, ambiance d'auberge de jeunesse que nous n'avons plus vraiment mais que nous nous amusons à réveiller.
Terrasse sous la Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue, plus bas le Bosphore et sa nuit agitée par les remous des navettes. Ici encore nous faisons l'expérience d'une hospitalité et d'une générosité sincère lorsque notre première tournée de bière est offerte par la maison, et que le mezze que nous avons commandé arrive et rassasie le groupe au complet, Bernard-Obélix compris ! Des couvertures-plaids s'échangent chaleureusement à chaque fois qu'un invité quitte une table pour la laisser aux suivants, l'ambiance scintille, François aussi, il est en Orient !
Notre chambre dortoir est spartiate mais propre. Nous ne sommes pas difficiles.
Samedi 17 septembre
Petit déjeuner sur la terrasse. Impression de lendemain de fête à laquelle nous n'avons pas participé. Narguilé refroidi, cendriers pleins, certaines tables sont collantes mais nous ne nous formalisons pas, c'est la force de notre petit groupe, tout est bon... Enfin il en faut déjà beaucoup pour atteindre nos limites.
Le paysage d'Orient qui s'offre à nous est probablement en partie responsable de notre indulgence. Sainte-Sophie ne dort jamais et les Stambouliotes entretiennent son éternité, elle est là dominant l'estuaire comme hier soir, 4 tours, la prière mélopée qui sort des haut-parleurs, le jeune marchand coiffé d'un bonnet blanc qui fait sécher des tapis sur la terrasse. Nous sommes à la porte de l'Orient et c'est grisant.
Briefing de l'équipe au petit déjeuner. Il faut réserver notre billet de bus pour Kaş. Nous demandons de l'aide au garçon à la réception de l'hôtel mais il nous renvoie gentiment à l'ordinateur du bar connecté à Internet. Pierre et moi tentons d'abord sans succès de faire fonctionner l'ordinateur, l'écran, la souris... puis lorsqu'enfin un des trois ordinateurs semble vouloir nous obéir, c'est le dédale des pages web en turc qui nous attend! Après plusieurs tentatives, nous renonçons et je comprends maintenant pourquoi le garçon au comptoir n'avait pas lui-même tenté de faire ça pour nous.
Sortis dans la rue, les autres ont tenté de se renseigner dans l'agence de voyage juste à côté. Ce n'est apparemment pas possible, mais je les sens hésitants. Je décide de retourner dans le bureau. « Have a seat! » me lance une jeune hôtesse mais avec un ton tel que je crois d'abord qu'elle m'engueule. Je ne comprends pas mon erreur... Après le 3ème « have a seat! », la pièce tombe, je souris et m'assied. Nous découvrons leur stratégie de vente. Ce « have a seat » nous sera resservi plusieurs fois pendant notre séjour. Deux mots plus tard, il est clair qu'ils ne vendent pas ce que nous cherchons et nous sortons de là pour nous retrouver à nouveau dans la rue. Nouveau briefing, il faut penser vite pour ne pas perdre cette matinée à hésiter et le groupe s'accorde pour aller sur place à l'Otogar et boucler la réservation là-bas.
Il fait chaud, c'est un lieu touristique – nous sommes sur l'esplanade de la Sainte-Sophie - nous tentons de nous orienter avec le plan de la ville offert à tous les clients des hôtels mais nous découvrons vite que cette carte est plus qu'approximative et qu'il faudra trouver d'autres manières de s'orienter. Bernard, le premier, accoste les femmes voilées de son anglais approximatif mais efficace pour découvrir que la première ne sait même pas que son « tailleur est riche »...
Il faudra que j'en parle à mon frère qui vend des cours de langue aux Turcs!
Après être monté dans un tram bondé, nous le quittons à Aksaray et marchons vers l'Otogar dans un Istanbul moins touristique mais en prise directe avec la vie quotidienne de ses habitants. Sur ces grandes avenues, chaque maison a affecté son rez de chaussée à un commerce – vêtements pour la plupart. En effet, beaucoup de grandes manufactures européennes sont implantées ici. C'est un mélange de boulevards parisiens, de galeries chinoises avec, à chaque fois, c'est-à-dire à peu près tous les 4 mètres, un rabatteur qui vous invite à pénétrer dans son repaire pour découvrir ses produits, GSM, chaussettes, chaussures, jeans, etc...
Moyen de transport suivant: le métro jusqu'au terminus, gare des bus. Nous plaisantons sur le caractère « multimodal » de ce voyage. C'est Pierre qui lance ce mot que François s'empresse de croquer comme on croque une caricature, mais aussi comme on croque une proie. En humour François est un prédateur d'une efficacité redoutable et le groupe est un public conquis. L'ambiance est lancée. Je sens que ce voyage sera encore une belle expérience humaine.
L'Otogar d'Istanbul. Sans exagérer, ce sont des centaines d'enseignes de compagnies de car qui ont leur bureau ici, et comme tout à l'heure dans la rue, des rabatteurs nous pêchent avec des cris, des gestes, des mots que nous ne comprenons pas. Nous sommes cinq et la force du groupe c'est aussi de pouvoir facilement résister à ces invitations pressantes. Le groupe se sépare pour prendre des renseignements chez plusieurs compagnies. Nous nous retrouvons où Bernard, Christophe et Pierre sont entrés. Leur deal semble bon. Lorsque François et moi arrivons, le prix et la destination semblent OK. François négocie en anglais, mais ici aussi notre interlocuteur ne maîtrise que deux mots d'anglais et aucune autre langue. Il nous fait signe de patienter et prend son téléphone qu'il nous tend en disant « english ». Je prends le combiné et nous nous retrouvons à négocier à plusieurs dans une étrange et fascinante danse confuse où François fait des propositions alimentées par Bernard, que je traduis en anglais à la voix féminine à l'autre bout du fil, celle-ci traduit à l'homme au guichet qui accepte, refuse, calcule puis me repasse le combiné avec la proposition que je soumets au groupe qui accepte ou refuse.
Quelle ambiance ! Tout ça avec une température de 35°C à l'ombre. Il se dégage de ce bureau une effervescence, une chaleur moite telle que la sueur perle sur tous les visages, ruisselle entre les omoplates... Les chiffres dansent et s'échangent. Sans trop savoir comment, nous arrivons miraculeusement à un accord. Le prix, la destination, une navette qui viendra nous chercher à l'hôtel le soir ! Chacun souffle et l'on se serre la main pour signer le deal. En sueur mais satisfaits nous quittons le guichet en espérant pouvoir compter sur la bonne foi du vendeur.
Après avoir réservé les billets nous retournons vers les rives du Bosphore. Traversée du vieil Istanbul en tram. L'organisation du programme de la suite de la journée est laissée à Pierre et moi. Nous proposons de traverser le pont vers le quartier de Galata sur lequel le guide du Routard et le Lonely Planet s'accordent : c'est à voir et on y mange bien.
Le tram est à nouveau bondé mais cela ne nous empêche pas de déguster des yeux la traversée du pont avec à notre gauche la Corne d'Or et le Bosphore à notre droite, la colline de Galata face à nous.
Arrêt au pied de la colline. Christophe qui a très faim décide de prendre les commandes du groupe et nous nous orientons vers le bord de mer. Les derniers étages d'un énorme paquebot dépassent de derrière les toits des maisons devant nous. Il n'y a pas grand chose à voir. Nous déambulons le long de la rue, interdits de pénétrer plus près de l'eau par une muraille de maisons . Nous débouchons finalement à quelques mètres du pont de Galata, où nous attendent échoppes ambulantes et restaurants à touristes. La faim et la soif nous chatouillent maintenant tous, et nous sommes pris au piège et devons nous laisser « pêcher » par les rabatteurs des terrasses de restaurants. La perspective de manger « touriste » à des prix touristes est peu engageante mais nous sommes cuits et la bière EFES que l'on boit ici partout, assis à une table au frais est plus que bienvenue. Piège à touristes, la nourriture est correcte, pas inoubliable, j'ai d'ailleurs du mal à me remémorer ce repas. Shish Kebab probablement...
Au dernier moment Christophe change de plat, commande du poisson. Et nous mettons sur le compte de cette confusion l'erreur de la note finale qui nous est présentée. Bernard, notre calculatrice portable, est vif à débusquer l'erreur. Le garçon s'excuse et modifie le décompte final.
Non ceci n'est pas un piège à touristes !
Arrivés à l'autre bout du pont, c'est une expérience d'Orient comme jamais je n'en avais vécue. Une foule – encore ! Quelle marée humaine partout – d'hommes, de femmes couvertes ou non de voiles, niqabs, une foule indescriptible...
Les barques amarrées ici arborent des couleurs et décorations ottomanes et servent de cuisine en plein air passant par dessus les bouées d'amarrage les plats que les serveurs vendent sur la terre ferme. Maïs grillés, glaces sont vendues par des marchands ambulants. Un tunnel piéton passe sous la grande avenue. Une telle foule qu'elle donne à notre batte liégeoise des airs d'avenues berlinoises !
Après la place de la Nouvelle Mosquée , on se laisse porter par le mouvement et les couleurs pour se retrouver devant des étals de fruits magnifiques, porte d'entrée du marché couvert égyptien. Merveilleuse caverne d'Orient, où l'on trouve des fromage à la découpe sur une pièce de la taille d'un rocher pour Sisyphes gastronomes, plus loin une construction de pavés de miel. Les épices, les herbes sont servies par des marchands au tablier blanc impeccable. Nous marchons lentement étourdis par le spectacle. Sortis du dédale sans trop savoir comment, nous avons besoin de reprendre nos esprits et nous nous asseyons à une des premières terrasses accueillante que nous rencontrons. Thé, café turc, nous échangeons sur ce qui vient de nous arriver. Nous en profitons pour voir défiler devant nous toutes les Turquies, visages jeunes, anciens, femmes merveilleusement belles ou voilées avec élégance, ou encore protégées totalement de nos regards par ces étranges voiles noirs desquels seuls les yeux et les chaussures laissent deviner la personne qui se cache ainsi.
Remontée vers l'hôtel. Nous avons encore le temps de nous arrêter à la célèbre Sainte-Sophie. La file des touristes que nous refusions d'affronter a pratiquement disparu ce qui nous donne une bonne heure pour visiter ce lieu.
Chacun de son côté se pénètre du lieu et part à la chasse des images à graver pour notre mémoire.
A l'Orient Hostel, une EFES fraîche et un hamburger très « touriste » nous permettront d'affronter les 15 heures de car qui nous attendent pour rallier Kaş, le village d'où part notre trek sur la voie lycienne, la Lykia Yolu comme disent les Turcs.
La Voie Lycienne est un chemin de randonnée d'une longueur d'environ 500km révélée par Kate Clow, une britannique passionnée de randonnée pédestre et qui a fait connaitre cette région au monde entier depuis 1999, date du début de l'exploitation de ce tracé. Celui-ci relie en gros Fethiye à Antalya en suivant la côte sauvage avec des incursions parfois franches dans l'intérieur des terres permettant ainsi d'avoir un parcours autant côtier que montagnard ( certaines parties de la piste vont chercher des sommets à 2300m ( Mt Olympos). Et les vestiges de la culture lycienne – peuple dont on retrouve les premières traces au 14ème siècle avant JC - nous attendent apparemment tout au long de notre randonnée...
19h00 précises, notre vendeur de billets de l’Otogar en personne parque – c’est un grand mot - sa vieille camionnette devant l’hôtel. Nous sommes sur la terrasse et François l’accueille à grands coups de « Hello My Friend ! » accompagné d’énormes gestes de bienvenue.
En Belgique, on aurait décodé de l’ironie un peu moqueuse derrière ces excès, ici aussi probablement mais finalement François ne fait que forcer le trait du typique rabatteur stambouliote et depuis ce matin, François a eu plus qu’une occasion d’observer et de mettre au point son personnage !
Ce ne fut pas un simple transfert en navette, mais une chevauchée fantastique à travers les rues d’Istanbul !
Notre pilote, pied au plancher dès que ça lui est possible, n’est ralenti que par la densité incroyable de la circulation. Les rues étroites ne l’empêchent absolument pas d’entreprendre un dépassement totalement illégal et inutile vu que quelques mètres plus loin, il se retrouve face à face avec les voitures montant en sens inverse ! Épique ! La nuit est tombée entre-temps sur Istanbul, et nous arrivons dans l’Otogar où sont rangés ces éléphants d’acier qui sillonnent toute la Turquie. Le moindre recoin du territoire turc est accessible grâce à ce gigantesque réseau de routes et de services de cars. Il y a une véritable culture de ce type de transport en car inimaginable pour nous Belges liégeois qui associons « car » avec voyages Léonard pour excursions du troisième âge !
Nous découvrons également le confort insolite qui nous avait été vendu avec les billets : vidéo et wi-fi disait le vendeur ! En effet, vidéo mais en turc et sans sous-titres bien évidemment ! Et la connexion wi-fi n'est en fait disponible sur nos smartphones que lorsque nous entrons dans les gares autoroutières... Ca nous fait sourire et ça nous confirme une chose, c'est que le car est bien un service turc pour les Turcs et que très peu de touristes s'embarquent sur ces machines! Mais nous n'aurions raté cette expérience pour rien au monde ! Surtout le passage de la petite hôtesse avec son vaporisateur d'eau de Cologne, histoire de noyer les couleurs olfactives des uns et des autres dans un parfum commun pacificateur.
Les arrêts se font ici d’ailleurs dans des gares autoroutières ou dans des complexes resto-route de la taille d’une galerie commerçante. Ces arrêts permettent aux Turcs d’acheter un repas ou de fumer une cigarette. Nous mesurerons tout au long du voyage combien cette expression « fumer comme un Turc » est authentique !
En pleine nuit, nous nous faisons réveiller par le chauffeur qui nous invite fermement – le monde est toujours violent lorsqu’on se fait sortir du sommeil profond – à changer de bus. Le seul mot que nous comprenons – Kaş – est notre destination. Nous obéissons avec nonchalance cachant une certaine appréhension. En changeant de bus, on change de compagnie et que vaut ensuite notre billet en cas de problème questionne notre cerveau occidental ? Nous sommes hors de notre pensée rationnelle habituelle et nous acceptons de voir où nous mène cette histoire. Le but de ce voyage est aussi de se mettre en situation d’être surpris et finalement cette confusion est bienvenue.
Dimanche 18 septembre
Au réveil, je découvre des paysages colorés du bleu-rose d’un soleil qui n’a pas encore émergé à l’Est. A gauche et à droite à travers les longues vitres du car s’étendent en panavision des plaines semi-arides d’un jaune paille dans lesquelles sont clairsemés des oliviers et plus loin une étendue d’eau perdue au milieu de ce désert, probablement le lac salé de Burdur Göhü.
Fethiye apparaît sur les panneaux de signalisation, nous nous dirigeons vers notre destination. Mais lorsque nous voyons que le car laisse à notre gauche la route pour Kaş, le doute nous reprend. Allons-nous devoir renégocier une nouvelle fois pour atteindre Kaş après s’être fait débarquer à Fethiye?Nous traversons une ville qui ne présente étrangement aucun signe de la présence de la mer. Fethiye est pourtant un port et je ne vois aucun bateau en cale sèche, aucun filet de pêcheur, rien qui rappelle d’une manière ou d’une autre la Méditerranée toute proche. Les quartiers que nous traversons et les gens qui y habitent semblent plutôt agriculteurs que marins. Et nous sommes frappés par la présence sur toutes les maisons de chauffages solaires.
Otogar de Fethiye. Tout le monde descend, nous restons seuls dans le car un instant puis, convaincus de s’être fait avoir, nous nous décidons à quitter le car tout en discutant déjà des solutions qui s’offrent à nous. Le steward du car nous a vus et nous rassure finalement en nous faisant signe de nous rasseoir, accompagnant son geste d’un « Kaş, ok ! ». Ce petit homme, tout au long du voyage, s'est acquitté avec fierté de sa tâche de service, et je me rends compte que je n'ai plus éprouvé ce genre de relation sincère depuis très longtemps. L'Occident d'où nous venons a oublié que le service dans un commerce, avant de n'être réduit qu'à une ruse de vendeur pour augmenter un chiffre d'affaires, a pu être une véritable rencontre humaine.
En fait, rarement nous aurons eu l’impression de nous faire arnaquer ; ça négocie ferme, François se faisant toujours un plaisir de jouer le jeu. Mais une fois le deal accepté, les Turcs s’avèrent être des gens très droits et fiables ; approximatifs, pas toujours des plus efficaces mais toujours authentiques et corrects.
Encore deux heures de car à affronter ! Ca commence à faire long, mais la route débouche enfin sur la côte et la dernière heure sera un plaisir pour les yeux. La route longe la côte accidentée et sur notre droite s’étend la Méditerranée. Moi qui suis souvent descendu le long de la petite route côtière de Croatie, je ne peux m’empêcher d’y voir des similitudes et d’avoir les mêmes sensations. J’admire toujours avec la même exaltation ce spectacle simple et grandiose.
Kaş est enfin en vue et le trek aussi….
Pierre
Kaş. La chaleur écrase le petit port où il n’a plus plu depuis le mois de mai. Si la carte - on la constatera très approximative - nous renseigne de la présence de puits tout au long du parcours, on nous avertit que ces derniers sont depuis belle lurette à sec ! Pas le choix, nous nous transformons en chameau. Les sacs à dos se gorgent de poches d’eau et de bouteilles… Ca y est, nous voilà parti ! L’asphalte brûlant mord les semelles. 20 minutes que l’on marche, à perler de sueur. Au détour d’un virage, une crique apparaît, un refuge luxueux, avec douche s’il vous plait. Quelques regards entre nous, un sourire. On y va ! De trekkers, on se transforme vite en touristes. En me baignant, je me rends compte que ces tout premiers kilomètres sont un avertissement : il va falloir gérer cette chaleur et les réserves d’eau, absolument... Les plaisirs de l’eau terminés, on poursuit la route. Cette voie lycienne est dotée d’un balisage pour le moins approximatif, il va falloir faire preuve de ruse de sioux pour ne pas perdre son fil d’Ariane, ces simples traits blancs et rouges, peints sur les rochers. L’itinéraire joue à saute-mouton avec les courbes du relief. Vers l’intérieur du pays s’étirent des collines couvertes de maquis. L’arrière-pays immédiat, c’est la montagne. Et ce relief impose une bonne condition physique. Quoi qu’il en soit, ces contreforts en balcons vont nous offrir des panoramas grandioses. Bienvenue dans ce pays des superlatifs !
Le soleil déclinant sur une mer d’huile nous indique la route à suivre. Tel un havre de paix, la petite troupe aboutit au bled de Liman Agizi. Un mouillage de rêve pour les plaisanciers, uniquement accessible par voie maritime ou terrestre, via le sentier que nous venons de fouler à travers le maquis. Le soir, la magie s’opère. Les couleurs du coucher du soleil se reflètent sur les verres de bière : on est ensemble, on prend le temps de ressentir ses impressions, de vivre en toute simplicité et sans contrainte. Et la nuit se passera dans un hôtel 1.000.000 d’étoiles. Avec, comme chambre, des matelas et des plaids jetés sous une tente, face à la mer. La nuit sera douce et magnifique.
Lundi 19 septembre
Lever à cinq heures du mat. Les heures fraîches comptent et valent leur pesant d’or quand il faut marcher toute la journée. Le topo guide indique une longue marche de 7h40, une précision toute relative quand, malheureusement, nous nous perdons alors que le soleil ne s’est même pas levé des collines. Une bonne demi-heure de perdue à cause de ces balises mal disposées. Je suis heureux d’être en groupe dans cet environnement très sauvage. Se perdre ici c’est s’enfoncer dans ses illusions d’orientation et de s’enfoncer dans la montagne sans y ressortir...
Le paysage est magnifique : nous nous glissons dans ce formidable chaos de pierres tranchantes, sculptées par le temps et la mer, formant des figures fantasmagoriques. Les chaussures souffrent tout comme l’organisme qui perd déjà de précieux sels minéraux. A 10h, la chaleur est trop forte. Quelques maisons perdues en construction sont peut être les avant-gardes d’une folie immobilière sur cette côte encore vierge. Elles seront notre refuge alors que Christophe va quémander de l’eau à une ferme. Le temps de récupérer quelque peu, on décide malgré tout de poursuivre notre route sur deux, trois kilomètres, le temps de trouver une crique où nous pourrions nous baigner. Il ne faut pas trop traîner. Le topo indique un fameux dénivelé pour la fin du parcours. Je crains une marche forcée sur la fin, mais ne dis rien, seul Christian s’en rend compte comme moi en analysant la carte. Cela va être du costaud. De fait, de la mer nous rejoignons une tout autre ambiance, celle de la montagne. Le sentier s’élève, sinue à travers le maquis puis dans des forêts d’olivier et de chênes. Bigre, le jour décline vite sous ces latitudes. Entre chien et loup, l’énervement, la fatigue est palpable, surtout que le balisage fait une nouvelle fois défaut. Mais au loin, le chant du muezzin du village de Bogazcik nous permet d’espérer une bonne nuit de repos. A l’entrée du village, l’accueil est immédiat quand un Turc nous propose son hospitalité. Une seule chambre pour nous 5, mais un palace avec les matelas disposés par terre. On mangera local le soir, en compagnie de notre hôte qui ne comprend pas un mot d’anglais.
Mardi 20 septembre
Le réveil est brutal. Les efforts de la veille se font sentir, assommés par un soleil que l’on n’aurait jamais imaginé aussi traitre en cette fin septembre. La déshydratation nous avait menacé tout au long de la journée précédente. La nuit aura-t-elle permis aux organismes de récupérer ? Espérons-le, car la journée va s’avérer encore plus caniculaire. Le chemin est difficile, les pierres roulent sous les pieds : c’est en trop pour Bernard qui n’a pas récupéré des efforts de la veille. Dans la descente, c’est la découverte des vestiges qu’a laissés cette civilisation mystérieuse que sont les Lyciens. Nous rencontrons des plaisanciers français venus jusqu’ici : ils ont laissé leur voilier blanc le long de l’isthme. La mer est toute proche, nous n’avons qu’une envie, y plonger et vite ! Le pique-nique est pris en vitesse, nous sommes recroquevillés sous l’ombre d’un arbre comme on se protégerait d’une forte pluie. François suggère plutôt de se protéger au « boat house ». Et les pourparlers commencent pour amener Bernard et François à Üçagiz, par voie de mer. Je continue avec les deux Chris : l’itinéraire devient un sentier en balcon, le long de la côte merveilleuse. On file, allégés de nos sacs.
Christophe, Bernard et François écrivent l'arrivée à Üçagiz
Christian, Pierre et Christophe terminent donc ces trois jours de marche en tombant nez à nez avec un chien aboyeur, mais qui s’avère finalement bien attaché à sa niche posée juste à côté de la voie lycienne. 200 mètres plus loin, nous arrivons à Üçagiz et apercevons les 2 kékets de Wégimont venant à notre rencontre sur un petit zodiac à moteur. François est aux commandes et tente de stopper l’engin à l’approche du bord d’eau ; c’est finalement en urgence qu’il tire sur le fil d’arrêt d’urgence, évitant ainsi de heurter la rive. Le bateau a été prêté par un couple de Français vivant la moitié de l’année sur leur voilier « mouillant » dans la baie. Ces derniers nous expliqueront plus tard qu’aucune pluie n’est tombée dans la région depuis le mois de mars.
Nous étions à nouveau tous les 5 réunis et étions face à une jolie maison : notre logement ; François et Bernard avaient négocié plus tôt dans la journée 2 chambres à la moitié de leur valeur habituelle, trop facile !
Nos pieds ressentent les affres des kilomètres marchés les 3 journées précédentes ; le matériel montre ses 1ères limites. Des semelles trop tendres, des chaussettes mal mises ou de mauvaise qualité sont à l’origine des 1ères cloches. Nos pieds ont besoin de repos. Il est vrai que les chemins parcourus les journées précédentes étaient essentiellement composés de gros cailloux, exposant nos genoux et nos chevilles à de multiples torsions. Ceux de OB ne supportaient d’ailleurs plus les chocs. François avait donc négocié mardi midi un retour par la mer en barque auprès des pêcheurs attablés à nos côtés.
Le soir même, nous demandons au tenancier de la pension la possibilité de faire nettoyer notre linge. Sa femme s’en chargera et le repliera pour 10 glouglous (4€). A la recherche du dîner, nous sommes abordés sur la place du port par Sadik. Il nous propose dans un anglais maîtrisé un buffet dans son restaurant situé au 1er étage de la superette du petit port. Sadik nous propose d’admirer les plats proposés à volonté. François « rattaque à » la négociation ; Sadik joue le jeu et écrase les prix. Cet homme sympathique nous a abordés avec aisance, laissant entrevoir une expérience du touriste européen et une habileté au compromis. Son personnel prend ensuite la relève avec serviabilité. Au cours du repas, nous négocions la sortie en bateau du lendemain. Sadik nous propose une journée complète, avec repas servi à bord d’un de ses bateaux, et permettant de visiter les différents sites de la baie. A nouveau, Sadik nous déballe son programme et nous séduit par ses prix. François négocie en outre la mise à disposition de tubas et de masques pour l’ensemble du groupe. Nous terminons le repas par un raki et un plateau de fruits offerts.
Mercredi 21 septembre
La journée et la découverte de la côte d’un nouveau point de vue débute à 10 heures 30. Installés sur le toit du bateau, à l’ombre d’une toile tendue, nous occupons la quasi-totalité de l’espace. Plusieurs haltes son prévues : 1ère étape : Aquarium Bay, où nous plongeons et espérons légitimement observer des poissons. Il n’y en aura pas plus que les jours précédents. De retour sur le bateau, nous rions en nous remémorant le bagou de Sadik. Ensuite, Tea Time, passage au dessus de ruines, d’amphores et d’autres vestiges de la civilisation lycienne visibles au travers du plexiglas boulonné et siliconé en fond de cale. A midi, nous déjeunons comme prévu sur le bateau lorsque nous sommes abordés par un hors-bord bleu fluo proposant un tour payant sur des bouées tractées (ces forains des mers gagnent ainsi leur vie en passant de bateau en bateau de « toutous »). Nous savourons une fois de plus notre choix de voyager à pied et d’être la majorité du temps loin de ces traquenards commerciaux.
Vers 16 heures, nous réalisons la dernière visite ; celle d’un vestige de château juché sur une colline. Les autochtones s’y sont transformés en vendeurs de babioles. Arrivés au sommet de ce caillou, nous constatons que l’accès à ces ruines est payant. Or, notre argent est resté sur le bateau avec OB. Un magnifique « portillon » métallique double le travail des gardiens qui rient avec nous de cet arsenal composé de caméras et d’électronique récemment imposé par Istanbul.
De retour au port vers 17 heures, nous prenons une bière à l’hôtel. Tout comme la veille, la commande se clôture par une course du serveur vers le petit magasin afin d’y acheter les 5 bières commandées. Plus tard dans la soirée, nous cherchons en vain un autre resto mais sans succès ; l’offre de Sadik est imbattable et nous ramène à son établissement où il nous accueille avec le sourire. François y négocie un transport pour le lendemain car les pieds de OB ne lui permettent pas de reprendre le trekking.
Le soir, le tonnerre gronde, les gouttes commencent à tomber. Des coupures de courant nous installent dans une semi obscurité. Une nouvelle ambiance s’installe, la fraîcheur envahit petit à petit la terrasse de la pension. Fatigués, nous nous endormons jusqu’au petit matin.
Jeudi 22 septembre
Le levé sera matinal afin de profiter de la fraîcheur des premières lueurs de la journée. Pierre, Christian et Christophe quittent à nouveau François et OB pour un trekking de 14 kilomètres. Nous savons maintenant que notre heure d’arrivée dépendra du dénivelé, du type de sol et de la longueur réelle du trajet. Nous pensons boucler cette étape entre 14 heures 30 et 16 heures 30. Les 1ers kilomètres sont encourageants ; nous quittons le village via un gros sentier à pierres tassées, nous permettant d’avoisiner les 5 kilomètres/heure. A la sortie du village, des bâtiments délabrés bordent le chemin, des paysans cultivent les tomates dans des serres de fortune en toile de plastique rapiécée. Ce décor montre une autre facette de ce joli petit village, laissant deviner la Turquie des pauvres, vivant de leurs mains sur ces terres arides.
Pierre poursuit le récit :
De Üçagiz, l’itinéraire va longer les rivages de la Méditerranée, un littoral préservé de béton. Point de route, de constructions, nous évoluons dans un jardin. Le sentier rejoint une baie et son eau turquoise. Aucun doute, nous y plongeons ! Les couleurs explosent dans les tonalités de la végétation méditerranéenne où se mélangent les forêts de châtaigniers et d’eucalyptus. De la mer où la douceur de vivre est omniprésente, on se retrouve en quelques centaines de mètres d’ascension dans des régions très sauvages. Les contrastes sont perpétuels, saisissants sur cette Turquie qui nous a séduits. La Lycie est une terre dont on ne sort pas et dont on ne veut pas sortir…
À Andriake, nous retrouvons nos deux amis qui ont profité de leur temps libre pour nous négocier une place au Camping. Une tente pour tous nous y attend ainsi qu'une jeune et sympathique hôtesse qui s'occupera de nous comme si nous avions été de la famille.
François et Bernard n'avaient pas chômé pendant leur journée ici. Ils avaient également trouvé un taxi qui allait nous transporter jusqu'à la petite ville de Demre pour y visiter les vestiges de la cathédrale de St Nicolas et le site archéologique de Myra. C'est ici que nous prenons vraiment la mesure de l'importance de cette culture lycienne à l'époque de l'Antiquité. L'amphithéâtre et la nécropole sont magnifiquement conservés.
De retour au camping d'Andriake, notre jeune hôtesse nous invite à nous asseoir auprès d'elle et de sa mère autour d'un feu ouvert où nous découvrons émerveillés les gestes ancestraux de la cuisson des galettes que nous mangeons fraîchement cuites avec pour tout assaisonnement, un peu d'huile et du fromage ! Nous vivons ici à nouveau un moment de grâce en goûtant de tous nos sens ce privilège d'être témoins de gestes simples venus d'un autre âge et depuis longtemps oubliés chez nous !
Vendredi 23 septembre
Le dernier jour est consacré à une étape de montagne, depuis Myra. Et quelle étape ! Nous allons découvrir une montagne farouche. J’imaginais des canyons étroits formés que nous devrions escalader, des villages étirant ses maisons couleur de terre sur les versant décharnés et tigrés d’arbustes où descendent en terrasses quelques cultures : le rêve se réalise… La montagne ici est un monde vivant mais clos. Le temps semble s’être arrêté depuis des siècles. Plus qu’un voyage dans l’espace, la découverte de cette « kirk Merdiven » relève du voyage dans le temps. L’agriculture et l’élevage sont toujours les fondements de l’économie de cette montagne et ce, depuis le Moyen-Âge. A la fois désertique et luxuriante, la montagne se découvre pour celui qui ose la gravir. Partis de 0 mètre d’altitude, nous gravissons à près de 1000 mètres d’altitude. Dans l’ascension, le torrent creuse de plus en plus la montagne. Elle se déchire en formant un canyon que nous devons longer. A Beloren, surprise : nous tombons dans une sorte de caserne, des pompiers du feu ? L’accueil est fidèle, turc quoi. Rassasiés, nous poursuivons notre route dans un espace pur, sauvage et minéral. Ce pays nous étonne de jour en jour. La carte nous indique les vestiges d’une église chrétienne à la porte de cette Asie : déception, nous n'y verrons que quelques ruines. Soudain, les éléments se déchaînent : il se met à pleuvoir : sans le savoir, nous empruntons un chemin qui ne mène nulle part… Après une heure de marche, il faut se rendre à l’évidence le demi-tour s’impose et pas question d’aller à travers tout dans une contrée sans repère aucun… A pied tout d’abord puis en tracteur jusque Beloren : 80 glouglous pour gagner 5 kilomètres à pied. Une paille mais cela compte en fin de journée quand l’organisme commence à montrer ses faiblesses. Retour à la caserne et séances de photos… Nous ne ferons pas longtemps du stop : une antique Renault 12 nous prend en charge. En fin de journée, quand nous rejoignons Myra, bercés par la douceur des suspensions de la Renault 12, nous avons dans la tête la nostalgie d’avoir participé à une grande aventure intérieure tout au long de ces cinq jours.
Christian poursuit le récit
Nous retrouvons Bernard à la gare des bus alors qu'il est sur le point d'embarquer seul pour Antalya. Une bonne étoile veille sur nous car nous osons à peine imaginer comment nous aurions pu nous retrouver autrement ! Bernard avait laissé des infos pour nous au guichet de la gare, mais ça semblait quand même un coup fort hasardeux ! Nous embarquons finalement tous dans le même dolmus qui nous amène à Antalya où nous passerons la nuit avant de prendre l'avion pour Istanbul. Nous ne nous laisserons pas séduire par cette ville dont nous ne verrons que les quelques ruelles autour de notre hôtel. Nous revenons d'une autre région, d'un autre temps et presque d'une autre vie et nous ne sommes absolument pas sensibles aux charmes d'une ville pour touristes vacanciers. Nous rentrons vite à l'hôtel où nous avons loué deux chambres-dortoirs.
Samedi 24 septembre
Le lendemain matin, alors que Pierre, Christophe et François pensaient avoir évité les ronflements de Bernard et moi, je suis surpris de les découvrir tous les trois couchés sur des matelas à même le sol sur la petite terrasse intérieure de l'hôtel. Et j'éclate de rire quand François me raconte que l'homme qui partageait leur chambre avait tronçonné du bois sauvagement toute la nuit et qu'ils s'étaient retrouvés là voyant qu'aucune solution ne permettait d'arrêter les ronflements de l'ours !
Le vol Antalya/Istanbul marque une première fin dans l'histoire, et même si cette dernière journée à Istanbul fut pleine également, elle reste comme une ligne en pointillé où se glissent déjà des images du retour en Belgique. Ces images ne sont pas particulièrement tristes, je me réjouis de revoir Anne et les enfants et mes compagnons aussi sont, je crois, heureux de revoir les leurs, mais l'expérience de la Turquie devient ici perméable, perd de sa densité et c'est pourquoi je sens que les notes brutes de mon carnet parleront à leur manière de cette dernière journée...
Extraits de mon carnet...
* Antalya/Istanbul en avion.
* Navette jusque Kadikoy
* Kadikoy-Eminönü – seconde traversée du Bosphore
* Remontée à pied vers le Stone Hotel conseillé par le Lonely Planet.
* Arrêt pour Kebab/Coca en face du quartier aux vélos.
* Remontée lente et chaude dans le labyrinthe des rues jusqu’au Stone Hotel. Il a été renouvelé il y a 5 ans et ne disposent plus de la chambre dortoir que nous convoitions. Merci Lonely Planet pour la mise à jour!
On cherche des alternatives dans le quartier.
Le Mystic Hotel est OK, le patron parle français.
* Sortie vers le Grand Bazaar, puis descente vers le Bazaar égyptien. Vendeurs à la sauvette, parfums, montres, à la chasse des derniers achats de souvenirs pour les familles.
* Nouvelle Mosquée.
* Lente remontée à pieds… On s’arrête pour boire une EFES et le groupe remet les « médailles » à Pierre et moi pour l’organisation. Séquence émotion !
* Ce soir dans le quartier de Cimberlitas, nous trouvons une taverne turque pas touristique, sans décoration excessive, éclairée aux néons et avec une TV qui hurle les nouvelles à tous les clients du local. Sensation de déjà vu… au Portugal !
* Retour vers l’hôtel, c’est notre dernière nuit. Nous sommes alignés dans cette chambre mansardée comme les 7 nains!
Dimanche 25 septembre
Réveil à l’aube, nous déjeunons - avant l’arrivée du pain - d’un repas plus que frugal : gâteaux de la veille, quelques fruits, des raisins, des prunes et un café chicorée imbuvable. C’est la fin et ce dernier repas a l’humeur de son propriétaire, morne et un peu mélancolique. Le triste propriétaire du Mystic Hotel est un homme de petite taille, au teint jaunâtre, dont la peau n’a plus séduit un rasoir depuis plusieurs jours, ses cheveux sont gris mais il ne nous paraît pourtant pas si vieux. Son français est par contre très bon en comparaison avec les compétences linguistiques de toutes nos autres rencontres durant ces 10 jours. Et alors que nous nous préparons à embarquer dans la navette qui nous emmènera à l’aéroport, nous imaginons qu’il a peut-être, lui, des rêves d’un ailleurs inassouvis, sans doute une France vécue dans sa jeunesse qu’avec nostalgie il songe à revoir ou une France totalement imaginaire à laquelle il a aimé donner vie depuis son petit hôtel aux images et cadres francophiles sur les murs.
C’est vrai qu’Istanbul et la France cultivent une relation particulièrement proche et ancienne. Déjà en 1536, un traité d’alliance fut signé entre François 1er et Soliman le Magnifique. Ensuite plusieurs épisodes lieront ces deux cultures tout au long de l’Histoire.
C’est ici que l’écrivain Pierre Loti tomba d’abord amoureux d’une jeune femme appelée Hatice avant de se laisser séduire par la ville d’Istanbul elle-même. Il écrivit le roman « Aziyadé » directement inspiré des notes de son journal intime de l’époque.
Pierre Loti fut aussi l’auteur de « Pêcheurs d’Islande ». L’Islande, première destination de notre petit groupe… Est-ce là une étrange coïncidence ou suivons-nous à notre insu un chemin bien plus profondément universel ?
Il est temps de se remettre à rêver pour l’année prochaine….
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